« Les petits concerts des voisins »: Quatuor Hypnos

mercredi 3 août | 20h30 Concerts & spectacles

MERCREDI 3 AOÛT, 20H30, EGLISE DE TREDREZ


Quatuor Hypnos

The Sax Craze

Marin BALSSA – saxophone soprano Danylo DOVBYSH – saxophone alto Bruno CAMARGO – saxophone ténor Yuko MATUDA – saxophone baryton

Œuvres de J.B. Singelé, Emile Jonas, Louis Mayeur, J. Français, G. Pierné, E. Bozza

Le quatuor

Le Quatuor Hypnos est un jeune quatuor de saxophones formé au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. 

D’horizons différents, chaque musicien transmet au service du quatuor sa propre singularité, lui insufflant cette énergie si particulière, cette mosaïque d’émotions musicales et humaines, qui nous transporte ailleurs… 

Le terme « Sax Craze » ou « Saxophone Craze » fait référence à̀ une vague d’engouement pour le saxophone qui traverse les Etats-Unis dans les années 1920 avant de déferler sur l’Europe.
Ce phénomène est représentatif du triomphe que connait l’instrument, notamment dans les musiques de rue, de parades, les music-hall, cabarets, opérettes, comédies musicales, puis plus significativement dans le jazz.

C’est pourtant bien plus tôt, dans les années 1840, que le saxophone voit le jour, et le dépôt de son brevet par Adolphe Sax – génial inventeur d’un grand nombre d’instruments – en 1846 concrétise sa création. Mais malgré́ un intérêt immédiat de grands compositeurs romantiques comme Berlioz ou Rossini (Berlioz composa dès 1843 un Hymne pour les instruments de Sax, aujourd’hui tombé dans l’oubli), le saxophone restera dans l’ombre pendant de nombreuses années.

Cependant, c’est bien durant la seconde moitié du XIXe siècle que les premières œuvres écrites pour saxophone donnent véritablement naissance à̀ l’instrument de Sax.
Le quatuor de saxophones devient alors rapidement une formation de référence. En effet, les inventions d’Adolphe Sax ont toujours été motivées par l’idée de former une famille d’instruments qui joueraient ensemble.

Alors comment va progressivement naître un engouement pour cet instrument nouveau faisant irruption dans le paysage romantique et acteur de l’ouverture sur le monde moderne ? Marqués par la grande tradition du quatuor à cordes, comment les compositeurs exploitent-ils les nouvelles possibilités que leur apporte le saxophone et que leur inspire la sonorité́ si particulière du quatuor ?

Programme

Jean-Baptiste Singelée, Premier Quatuor (1857) :

I.Andante – Allegro
II. Adagio sostenuto
III. Allegro vivace

IV. Allegretto

Violoniste, compositeur et chef d’orchestre belge, Jean-Baptiste Singelée (1812-1875) était surtout ami de son compatriote Adolphe Sax, ainsi que l’un de ses plus importants soutiens musicaux.

En effet, Singelée composa de nombreuses pièces pour les examens et les concours d’entrée au Conservatoire de Paris, à l’époque où Sax y enseignait le saxophone.
C’est ainsi qu’on a de sa main près de trente compositions pour l’instrument, destinées aux élèves militaires qui se spécialisaient dans l’un des quatre représentants du quatuor : soprano, alto, ténor ou baryton.

On sait également que Singelée encouragea Sax à développer la musique de chambre pour sa nouvelle famille d’instruments. C’est ainsi que le Premier Quatuor, toute première œuvre écrite pour quatuor de saxophones, vit le jour.

Cette œuvre représente à l’heure actuelle un témoignage des racines romantiques souvent oubliées de l’instrument, la classant à une place singulière dans notre répertoire, de par son esthétique et sa contribution historique. Ce fut les premiers pas du quatuor de saxophones.

Émile Jonas, Prière (1861)

Le français Émile Jonas (1827-1905) fait partie de ses compositeurs dont le nom fut, au fil du temps, effacé des mémoires, mais qui aurait dû connaître une renommée égale à la qualité́ de son œuvre.

Second grand prix de Rome en 1849 pour sa cantate Antonio, chevalier de la Légion d’honneur et organiste de la synagogue centrale de Paris, son nom est surtout lié aux légendaires Bouffes Parisiens.
En effet, dès l’ouverture du théâtre en 1855, Jonas en devient l’un des compositeurs d’opéras bouffes les plus actifs, conseillé et guidé par son ami et mentor Jacques Offenbach.

Sa contribution à l’histoire du saxophone n’est pas négligeable. En effet, il est nommé́ en 1857 directeur de la musique de la Garde Impériale où il développe une activité́ intense, notamment en composant de nombreuses marches, fanfares et autres œuvres militaires dans lesquelles il utilise de préférence la large gamme d’instruments inventés par Sax (le saxophone, mais aussi une version améliorée de la clarinette basse, le saxhorn, ou encore le saxo-trombone).

Cette courte pièce qu’est sa Prière pour quatuor (ou sextuor) de saxophones compte aussi parmi les premières pour cette formation et constitue un petit trésor du répertoire de quatuor.

Louis Mayeur, Premier Quatuor (1888)

I. Allegro grazioso
II. Andante
III. Allegro vivo

Louis Adolphe Mayeur (1837-1894) était un clarinettiste, saxophoniste et chef d’orchestre belge qui passa la plus grande partie de sa carrière en France.

Tout comme Jean-Baptiste Singelée et Jules Demersseman, il faisait partie du cercle d’amis proches d’Adolphe Sax avec lesquels il œuvra à développer le répertoire du saxophone.
C’est ainsi qu’il écrivit plusieurs œuvres de musique de chambre avec saxophone, dont son Premier Quatuor et un Prélude pour quintette de saxophones, qui, en dépit de leur qualité́ et de leur originalité́, ne connaissent pas une grande notoriété́.

Jean Françaix, Petit Quatuor (1935).

I. Gaguenardise (Allegro)
II. Cantilène
III. Sérénade comique

Dès 1930, deux grands artistes font parler d’eux et vont véritablement devenir les modèles du saxophone moderne : Marcel Mule et Sigurd Rascher.
Le premier va jouer un rôle particulièrement décisif dans l’avènement du saxophone classique, notamment par le développement d’un répertoire incontournable et la naissance d’une véritable école de l’instrument, établie comme « l’École Française de saxophone ».

La sonorité́ inégalable de Mule inspira dès lors un grand nombre de compositeurs qui s’empressèrent d’écrire pour le saxophone. Il participa notamment à̀ la création des plus

Importants solos d’orchestre : le Boléro de Ravel, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski (orchestrés par Ravel), entres autres.
A partir de 1928, il embrasse une brillante carrière de musicien chambriste en créant le Quatuor de la Garde Républicaine (nommé ensuite Quatuor de Paris puis Quatuor Mule), illustre formation pour laquelle il fit écrire plusieurs pièces qui demeurent aujourd’hui encore des classiques du répertoire de quatuor.

Jean Françaix (1912-1997), élève de Nadia Boulanger, est l’un de ces compositeurs qui se montra attiré par la proposition du Quatuor de Mule.
Son œuvre de musique de chambre est particulièrement fournie et reconnue (pas moins de cinquante pièces), avec une prédilection pour les instruments à vents. Elle comporte nombre de compositions incluant la flûte ou le hautbois, plusieurs quintettes pour vents ainsi que deux quatuors pour saxophones.

Ses œuvres mêlent habilement élégance et inventivité́ et le Petit Quatuor pour saxophones en est une parfaite illustration. Il fait partie de ces pièces qui requiert virtuosité́ et précision, le tout devant servir un caractère espiègle et léger.

Gabriel Pierné, Introduction et variations sur une ronde populaire (1937)

Chef d’orchestre très réputé́, Gabriel Pierné́ (1863-1937) créa d’innombrables œuvres contemporaines : Debussy, Ravel, Stravinsky, entre autres.
Nommé membre de l’Académie des beaux-arts, il mène parallèlement une activité́ de compositeur et est l’auteur d’une œuvre musicale large et diversifiée, abordant tous les genres avec succès, ce qui l’amena à être une figure incontournable de la très influente école française.

On trouve cependant le meilleur de Pierné́ dans sa musique de chambre qui est particulièrement vaste et reconnue. On peut citer notamment sa Sonate pour violon et piano de 1900 et surtout son Quintette pour piano et cordes composé en 1917.
Son style si personnel, refusant quelconque appartenance à une école, résulte de sa grande faculté́ d’analyse, de compréhension et d’assimilation.

Introduction et variations sur une ronde populaire est une commande du Quatuor Mule qui perdure encore aujourd’hui comme une œuvre de référence pour quatuor de saxophones. L’œuvre, qui débute dans un caractère plutôt lent et nostalgique, laisse vite place à une danse dans laquelle les quatre saxophones s’engouffrent et qui laisse transparaître toute l’inventivité́ de Pierné́.

Eugène Bozza, Andante et Scherzo (1957).

I. Andante
II. Scherzo

Eugène Bozza (1905-1991) fut 1er Grand Prix de Rome et Chevalier de la Légion d’Honneur.
Chef d’orchestre reconnu, il doit lui aussi sa renommée mondiale à sa musique de chambre pour des formations très variées.

Sa prédilection pour les instruments à vents et en particulier pour le saxophone a grandement contribué à mettre en avant l’instrument, s’incluant ainsi dans la lignée des compositeurs ayant marqué l’histoire de l’invention de Sax. Il a notamment écrit un Concertino pour saxophone alto et orchestre en 1938 à l’intention de Marcel Mule.

Son Andante et Scherzo est bien évidemment dédié́ au Quatuor Mule et présente une première partie soutenue et tendue avant d’amener un Scherzo vif et pétillant.

 

Dans le cadre de l’été culturel 2022

« L’été culturel est une manifestation à l’initiative du ministère de la Culture et mise en œuvre par la Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne et les opérateurs nationaux ».